Un sommet pour les océans
Le président de la République avait annoncé ce projet lors du congrès de l’UICN à Marseille en fin d’année 2021.
On connaissait le One Planet Summit, initiative de la France lancée en décembre 2017 en lien avec l'Organisation des Nations-Unies (ONU) et la Banque mondiale pour apporter des réponses aux multiples enjeux posés par la protection de l'environnement et requérant l'action à la fois énergique et concertée des États, des entreprises et des organisations non gouvernementales (ONG). Celui-ci a déjà connu quatre éditions dont la dernière en janvier de l'année dernière. Désormais, sur le même modèle, il faudra aussi compter sur le One Ocean Summit, nouvelle initiative de la France, tout aussi francophone dans sa dénomination, annoncée par Emmanuel Macron lors du Congrès mondial de la nature organisé en septembre dernier à Marseille et qui se tiendra du 9 au 11 février prochains à Brest.
De même que son homologue généraliste visait à faire de la France le chef de file de la défense de l'environnement au moment où les États-Unis se retiraient de l'accord de Paris sur le climat, cette nouvelle initiative a pour objet de positionner la France en tête de la protection des océans alors que celle-ci préside le Conseil des ministres de l'Union européenne. Comme l'explique Olivier Poivre d'Arvor, ambassadeur pour les pôles et les enjeux maritimes, envoyé spécial du Président de la République pour la préparation de cet événement, celui-ci se présente comme « un sommet d'engagement qui permet, en réunissant des experts et décideurs politiques mais aussi économiques et financiers, d'identifier et d'accélérer des initiatives en faveur des océans ».
En organisant cette manifestation en février, ses concepteurs espèrent en faire la rampe de lancement des six grands rendez-vous internationaux sur l'environnement programmés en 2022 dont, en particulier, le sommet de l'ONU sur les océans prévu à Lisbonne en juin prochain.
La réunion de Brest commencera par deux jours d'ateliers et de forums réunissant, sur place ou en visioconférence, des experts du monde entier autour d'une dizaine de grands thèmes : la connaissance des océans, encore bien imparfaite, la place de la pêche, qui suscite toujours autant de débats, la décarbonation du transport maritime, alors que de nombreux projets fleurissent en la matière comme le retour de la voile, l'éducation à la mer, afin de sensibiliser les nouvelles générations, l'économie bleue, pourvoyeuse d'emplois, le verdissement des ports, qui doivent totalement repenser leur mode de fonctionnement, la prévention des risques de submersion, dont le récent tsunami qui a frappé les Îles Tonga vient de rappeler l'actualité, la mobilisation de la finance internationale, sans laquelle rien ne pourra être fait et, bien sûr, la gouvernance des océans, en particulier en haute mer.
À ce sujet, l'un des principaux sujets portera sur la Conférence intergouvernementale sur la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale plus connue sous son acronyme anglo-saxon BBNJ (Biodiversity Beyond National Jurisdiction) qui tiendra sa quatrième et dernière session en mars prochain. A cette occasion, l'Union européenne va tenir une position sur la protection de la haute mer dont le contenu sera préalablement présenté dans une résolution débattue à Brest. Son but est de rappeler que les océans constituent, à la fois, le premier réservoir de biodiversité et le premier puits de carbone pour contrer les effets du changement climatique. Contrairement à d'autres domaines, l'Europe a une forte légitimité pour imposer ses vues sur la question car elle dispose du premier espace maritime mondial grâce à l'apport majeur des 11 millions de km2 de la zone économique exclusive de la France.
D'où l'importance de la troisième et dernière journée du sommet où se tiendra un segment de haut niveau, à caractère politique, avec la présence, autour du Président de la République, d'une trentaine de chefs d’État et de gouvernement représentatifs des différents océans ainsi que de plusieurs dirigeants de grandes entreprises, de représentants d'ONG et de hautes personnalités du monde maritime.
Cela suffira-t-il pour imposer les vues européennes et françaises et celles-ci sont-elles aussi vertueuses qu'elles prétendent l'être ? Certains en doutent qui, sous le nom de Soulèvements de la mer, organisent quelques jours plus tôt, à Brest également, un anti-sommet visant à dénoncer l'accaparement et la privatisation de la mer, ce que la journaliste Catherine Le Gall appelle « l'imposture océanique » des grands États comme des entreprises multinationales.
Il ne faut pas oublier que si la mer est un espace de liberté, auquel Victor Hugo rattachait l'indispensable rigueur, elle est aussi et peut-être d'abord un bien...
Pour Humanité et Biodiversité ce sujet est à la fois lointain et aussi indispensable que la défense des espèces menacées. On attend du concret, pas idéologique, mais à effet sur la biodiversité marine, sur le rôle des mers dans la lutte contre le réchauffement climatique et une ferme volonté de ne pas utiliser les mers comme dépotoir… Ce n’est pas gagné.
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